PODCAST

Cinq siècles à travers les guerres de l’histoire

Les de Terves, une race de chevaliers

C’est l’histoire d’une famille connue depuis la Féodalité au 12ème siècle. Écuyers puis chevaliers, on peut suivre leurs combats depuis le 15ème siècle. Fidèles à leur roi déchu, ils émigrent et se battent contre la Révolution. Beaucoup y perdent la vie pendant que leurs femmes et leurs filles, restées dans leur Province, sont massacrées ou meurent en prison. 

Après l’Empire, ils retrouvent leur rang au service de Louis XVIII mais à l’avènement de Louis Philippe en 1830, ils dénoncent l’usurpateur et brisent leurs épées en quittant l’Armée. Consignés sur leurs terres, ils se cherchent ailleurs des causes à leur mesure, ce sera la défense des États du Pape contre les menées de Garibaldi. Une lutte de 10 ans parmi ce qu’on appelle les « Zouaves Pontificaux ». Dernier de cette race de chevaliers, le capitaine Pierre de Terves choisira lui l’Armée d’Afrique en 1908. Il combat les tribus rebelles dans le Rif marocain et y trouve une mort glorieuse en 1914, à 40 ans.

Victimes des horreurs de la Révolution

Petits seigneurs et écuyers, de père en fils, au 15ème et 16ème siècle, en Poitou et en Anjou, les voilà chevaliers au 17ème avec François de Terves, qui prend les armes pour la défense des côtes du Poitou. René, son fils, se bat contre les Impéraux en Alsace en 1674.

Franchissons allègrement trois générations et Pierre-Charles de Terves devient marquis. Après une longue carrière militaire terminée en 1777, il émigre en 1791 et devient commandant en second d’une compagnie de gentilshommes de l’Anjou, à l’armée des Princes. Il avait emmené avec lui ses deux fils aînés. L’un sera tué en 1794 à l’armée de Condé. Le cadet, Armand, trop jeune pour émigrer, s’est engagé dans les rangs des insurgés vendéens. Il y trouvera aussi la mort en 1794.

Pierre-Charles de Terves avait laissé derrière lui sa femme Eulalie et leurs 5 filles qui vont également connaître un sort cruel. Lorsqu’il revint de l’émigration en 1800, après une absence de près de dix années, il avait perdu cinq de ses dix enfants dans la tourmente.

La mort glorieuse du capitaine de Terves

Son petit-fils Victor de Terves, né à Angers en 1806, reste fidèle à la tradition familiale et embrasse la carrière des armes. Mais la famille est fermement légitimiste et lorsque Louis-Philippe remplace Charles X, en 1830, Victor et son frère Joseph “brisent leur épée” et quittent l’armée. 

En 1858, Victor et sa femme Gabrielle achètent le vieux château du Breil, à La Salle de Vihiers, dans le sud du Maine et Loire. L’avènement du Second Empire avait ainsi contraint toutes les familles légitimistes à se mettre à l’écart de la vie du pays et à se replier sur une existence que les anglais qualifient de « gentleman farmer ». Mais l’impétuosité du sang bleu continuait de couler dans les veines des nouvelles générations. 

Leur fils Roger, à 22 ans, répond à l’appel du pape Pie IX, agressé par les menées de Garibaldi, d’une part et la démarche de la famille de Savoie, d’autre part, pour conquérir l’hégémonie italienne, menaçant ainsi les Etats du Vatican. Roger rejoint les « Zouaves Pontificaux » et se bat pendant 8 années dans la cavalerie de l’armée pontificale.

Pierre, son fils unique, choisit de devenir un officier de l’Armée d’Afrique. Il sert au Maroc oriental où l’armée fait face à la guérilla. La cuirasse et le casque ont été remplacés par le burnous et la chéchia. Il parle l’arabe et se pénètre de la mentalité indigène. Il sait tout à la fois se faire obéir et aimer de ses cavaliers. En mai 1914, il est engagé dans une lutte sans merci pour réduire les positions de la tribu des Tsouls. Il s’y couvre de gloire. Les Tsouls perdent du terrain. Mais à 7 heures, au moment où le combat cessait, tous les objectifs ayant été atteints avec un élan superbe, Pierre était tué roide d’une balle dans la tête.