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Le mystère du fusil « offert par le roi »

Au coeur des Guerres de Vendée

Le fusil est dans la famille depuis deux siècles. Sur sa crosse, une plaque précise qu’il a été « donné par le roi » à un ancêtre mal connu. Au fil de l’enquête, le vieux fusil nous transporte au coeur d’une guerre impitoyable, où des colonnes infernales brûlent châteaux, églises, et villages dans la terrible guerre civile qui opposera Bleus et Blancs dans le Bocage Vendéen. Louis XVIII récompensera d’un « fusil d’honneur » le courageux charron devenu à 21 ans capitaine des hommes en armes de sa paroisse et qui se battra pour son Dieu et son roi de 1793 à 1815.

Le personnage central de cette histoire se nomme donc François Coudrin. Il est né en août 1773 à Montravers, un petit village du Nord des Deux-Sèvres séparé de la Vendée par la Sèvre Nantaise, et qui se trouvera au centre des affrontements des Guerres de Vendée. Près de 50 habitants y ont pris les armes et se sont engagés dans l’Armée catholique et royale. Beaucoup seront tués dans les combats contre les républicains.

Capitaine de paroisse à 21 ans

Pourquoi parle t-on des Guerres de Vendée ? Et bien parce qu’il y en a eu plusieurs  successives entre 1793 et 1815, voire 1832. Ce sont des guerres civiles qui, dans l’Ouest de la France, opposèrent l’État issu de la Révolution Françaises aux populations restées fidèles au Roi et à la religion catholique. Elles firent 200 000 morts dont près d’un quart des habitants du territoire insurgé.

François Coudrin, qui exerce la profession de charron, a donc rejoint l’Armée catholique et royale en 1793. Les combattants vendéens sont regroupés par paroisse. Chaque paroisse est commandée par un capitaine choisi par les paysans. C’est toujours le plus intelligent et le plus brave qui obtient la préférence. En 1794, le capitaine de la paroisse de Montravers, qui a plus de 45 ans, s’estime trop âgé pour mener les combattants et c’est François, à 21 ans, qui est choisi pour le remplacer. Comme capitaine, il va ainsi mener sa compagnie jusqu’en 1796 où se termine la seconde guerre de Vendée après la mort de Charrette et de Stofflet, tous deux fusillés.

Récompensé par le roi Louis XVIII

En octobre 1798, les Vendéens reprennent les armes et François Coudrin prend part au soulèvement à la tête des hommes de Montravers. Mais c’est à nouveau la défaite et les combats s’arrêtent à l’annonce du coup d’État du général Bonaparte le 18 Brumaire.

15 ans plus tard, après le retour de Napoléon de l’île d’Elbe en 1815, la Bretagne et la Vendée s’insurgent à nouveau pour défendre la restauration de Louis XVIII. François Coudrin ne manque pas à l’appel. Il a pourtant cette fois 42 ans. Veuf, âgé de 40 ans,  il est en charge de 4 enfants âgés de 6 à 16 ans. Mais son devoir et son honneur ne se discutent pas. A nouveau militairement vaincus, les Vendéens se retrouvent néanmoins dans le camp des vainqueurs après l’abdication de Napoléon, battu à Waterloo.

En 1816, le courageux charron, qui s’est battu depuis 20 ans au service du roi et de sa foi catholique, est devenu, sans doute malgré lui, un notable de sa commune. Le préfet l’en nomme maire et il exercera ses fonctions jusqu’en 1825.

De son côté, la Marquise de La Rochejaquelein a voulu que soient récompensés les Vendéens qui se sont tant battus pour le Roi. Elle présente à Louis XVIII un rapport dans le but d’obtenir des récompenses honorifiques ou pécuniaires aux survivants de la Grande Guerre qui s’étaient le plus distingués ou à leurs veuves. C’est ainsi qu’en juillet 1817, le roi attribue à François Coudrin un brevet et un fusil d’honneur. L’énigme de l’origine du fusil d’honneur se trouve maintenant résolue !

Le fusil d’honneur a depuis été acquis par un collectionneur. Illustration : Chemins secrets.