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Un château en Anjou

Des petits seigneurs sous le règne de Charles VII à celui d’Henri IV

L’histoire du château du Breil, à La Salle de Vihiers, se lit sur sa façade, du 15ème au 19ème siècle. Elle permet de conter les faits saillants de la vie de ses propriétaires à partir du règne de Charles VII jusqu’aux drames de la Première Guerre Mondiale. Des premiers seigneurs du Breil en 1410 au comte François de Maillé de la Tourlandry, mort en 1941, les haut faits et les tragédies se succèdent, mêlant l’histoire des habitants du château à celle de la population du village.

La seigneurie du Breil passe successivement des Quentin, aux Vaugirault puis aux Lancreau. Tous jouent pleinement leur rôle de seigneurs, régulièrement parrains des enfants de leurs fermiers tandis que dames du Breil deviennent marraines des nouvelles cloches de l’église paroissiale de La Salle de Vihiers. 

La fastueuse restauration du château dans le style néo-renaissance

En 1718, le Breil abrite la retraite paisible de deux veuves de magistrats angevins, les frères Prégent, Elles dotent le château d’une nouvelle chapelle pour remplacer les oratoires auxquels elle avait l’habitude de se rendre à Angers. Les Prégent vont posséder le Breil près d’un siècle, sans toutefois y résider d’une façon régulière, occupés ailleurs par leurs charges à la Cour des comptes de Bretagne.

En 1811, le Breil devient la résidence permanente d’un homme jeune de 24 ans, Désiré Gontard de Launay, apparenté à plusieurs familles ayant donné des maires à Angers. Huit ans plus tard, le préfet le nomme maire de la commune de La Salle de Vihiers. Il restera en fonction jusqu’en 1852. Après sa mort, le Breil change à nouveau de mains, vendu par un échange de terres à une illustre famille d’Anjou, les Terves.

Victor de Terves et sa femme Gabrielle décident de transformer l’austère petit château de campagne en une spacieuse demeure, à l’élégante façade, dans un style néo-renaissance, propre aux visions “réactionnaires” de la noblesse du temps. En 1868, la consécration de la nouvelle chapelle, en présence de toute la noblesse alentours, marque la renaissance du Breil. 

Le calvaire d’un maire, messager u malheur pendant la guerre 14-18

20 ans plus tard, le domaine de 350 hectares et le château sont rachetés par le comte François de Maillé de la Tourlandry, âgé de 35 ans. Les liens entre la population du village et la famille Maillé sont particulièrement proches et la générosité de “monsieur le comte” est devenue proverbiale. Chacun sait alors que tout nécessiteux trouvera “son pain au château” et les anciens, comme bien des artisans et des commerçants du bourg, connaissent chaque dimanche après-midi le chemin hospitalier du pavillon de chasse du château. François de Maillé en laisse l’usage pour des parties de cartes ou de billard qui transforment, l’espace de quelques heures, le quotidien difficile.
Le dimanche matin, tous attendent sur la place de l’église l’arrivée de “monsieur le comte et de ses enfants” pour la messe dominicale. On guette la voiture, tirée par deux chevaux, que l’on dételle, juste avant le bourg.

A son tour maire de sa petite commune, François de Maillé s’y dévouera corps et âme jusqu’en 1930. Le calvaire de sa vie restera la guerre de 14-18 où à 40 reprises, il sera le messager du malheur, frappant à la porte d’un de ses administrés pour annoncer la mort d’un mari ou d’un fils.

Avant la fin de sa vie, il lui faudra tourner une page bien difficile. Les belles années du Breil sont finies depuis longtemps. Il connait les difficultés de son fils pour gérer et entretenir un domaine important avec des revenus qui ne sont plus ceux que le comte de Maillé connaissait encore au début du siècle. La vente de son cher château du Breil, longtemps reculée, s’impose maintenant comme une décision inéluctable. Elle est effective en juillet 1939 au profit d’un pharmacien à Cholet.