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Une famille de comédiens de théâtres de foires
Le mystère de l’identification du peintre
L’identification d’un tableau daté de 1780 met en lumière la vie et le talent d’Antoine Babron, peintre du roi au port de Brest, mort jeune intoxiqué par la manipulation des couleurs que nécessitait la peinture des vaisseaux du royaume. C’est le point de départ d’un récit passionnant qui nous plonge dans l’univers fascinant des troupes de théâtre de foires au 17ème siècle. Fils de Jean-Michel Babron et de Marie-Jeanne Restier, le peintre appartenait en effet à une véritable dynastie d’acteurs et d’acrobates, voyageant sans cesse en troupe dans les différentes provinces.
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Tout commence donc, dans cette histoire, par l’achat chez un antiquaire de province, de deux très grands tableaux, le portrait d’un homme, peut-être magistrat, et de sa femme. L’encadrement, superbe, est d’origine. Les oeuvres sont datées : 1780 et signées « A. Babron ». A l’époque, nous sommes en 1999, l’identification du peintre, qui n’avait pas intéressé le vendeur, donne peu de résultats. Le mystère sera finalement percé pour attribuer la paire de tableaux à Antoine Babron, né à Rouen en 1744 et mort à Brest en 1784. Peintre de genre, miniaturiste et aquarelliste, on ne lui connaissait jusque là aucun portrait.
La peinture des vaisseaux du Roi
Antoine Babron a pourtant été l’élève de François Boucher, au Louvre, et de Chardin. En 1771, à 27 ans, il est nommé par une ordonnance royale peintre de la marine à Brest comme « premier peintre du roi » au port et à l’arsenal de la ville. Il s’y était déjà fait connaître par son expérience dans la peinture des vaisseaux. Au temps de Louis XV, ceux-ci étaient ornés de très riches sculptures et de somptueuses décorations.
Antoine Babron était malgré tout mal payé pour son travail. Son traitement suffisait à peine à faire vivre sa famille. La manipulation des couleurs, imposée par ses fonctions, altère sa santé car elles sont toxiques. Il s’épuise également dans son travail car la guerre d’Amérique lui impose un surcroît de tâches du fait du nombre de bâtiments sur lesquels il devait intervenir. Sérieusement malade, il meurt à Brest l’âge de 40 ans.
Il appartenait à une illustre famille de comédiens du théâtre de foires dont l’existence fascinante mérite d’être connue.
Une dynastie d’acteurs et d’acrobates
Antoine était en effet le fils de Jean-Michel Babron et de Marie Jeanne Restier, tous deux comédiens, même si son père avait également des talents de peintre. Ils appartiennent l’un comme l’autre à de véritables dynasties d’acteurs et d’acrobates. Leur vie durant, ils se produisent en France et en Europe au gré des déplacements de troupes largement familiales qui écument les grandes foires où le public les plébiscitent.
Leurs parents et grands-parents les y avaient formés au service du théâtre forain mais aussi des exhibitions de danseurs de cordes et d’artistes acrobates dont ils étaient passés maîtres. Aidés d’un balancier, ils exécutaient des pas de danse qui émerveillaient la foule à cause des risques encourus.
Une vie nomade mais aussi dangereuse en butte aux agressions comme aux poursuites incessantes des arrêts de justice imposés par une censure redoutable à laquelle ils échappaient par l’humour et la ruse.
Sur plusieurs générations, on va suivre les prodiges de ces familles de comédiens forains et, à travers elles, l’univers du divertissement populaire sous les règnes de Louis XIV et Louis XV.